Cette page entend énumérer les parties et décrire succintement le contenu de l’ouvrage:
L’Histoire notable de la Floride sitvee es Indes Occidentales, contenant les trois voyages faits en icelle par certains Capitaines & Pilotes François, descrits par le Capitaine Laudonniere, qui y a commandé l’espace d’vn an trois moys: à laquelle a esté adiousté vn quatriesme voyage fait par le Capitaine Gourgues. Mise en lumiere par M. Basanier, gentil-homme François Mathematicien. — A Paris, Chez Guillaume Auuray, ruë sainct Iean de Beauuais, au Bellorophon couronné. M. D. LXXXVI (1586), Avec Privilege Dv Roy. (Numérisé par la BNF/Gallica). Pagination: {16} + 123 (double pages, i.e. 246 pages) + {3}.
Contenu et résumé:
→ Une lettre « A Illvstre Et Vertvevx Seignevr VValter Ralegh, Cheualier Anglois, Seneschal des Duchez de Cornuall’ & d’Exon, Gouuerneur & Capitaine des Chasteaux & Seigneuries d’icelles pour la serenissime maiesté de la Royne d’Angleterre, grand maistre & surintendāt des mines d’estain par les prouinces de Cornuall’ & d’Exon. » Signée De Paris ce premier iour de Mars, 1586. Vostre tres-humble seruiteur M. Basanier. On y apprend que l’auteur a exhumé cette histoire « auec la diligence de Monsieur Hakluit ».
→ Deux poèmes à « VValter Ralegh » signés « M. Basanerivs » et « M. Basanier »; un poème, In laudem eorum qui nouas orbis partes detexerunt, signé « Richardus Hakluit Anglus. »
→ Une « Preface en laqvelle est contenve la maniere et façon de uiure des Indiēs, qui habitēt aux enuirons de la riuiere de May en la Floride » (laquelle préface ne traite pas du tout du sujet annoncé, mais présente, après avoir fait la critique de la colonie romaine & tyrannique l’entreprise coloniale telle qu’elle devrait être selon l’auteur).
→ « L’Histoire des Trois Voyages des François en la Floride » qui marque le début du récit de Laudonnière exhumé par Basanier. Il contient d’abord un tableau général de la géographie de l’Amérique (ou « Inde occidentale »). L’Amérique serait divisée en trois parties: 1) « celle qui est vers le pôle Arctique ou Septentrion », appelée la « nouuelle France », découverte (selon l’auteur) en 1524 par « Iean Verazano Florentin », au nom de François Ier; partie elle-même divisée en trois autres: l’orientale (« terre de Norumberge »), l’occidentale, et enfin la méridionale (la « Floride »). 2) La « nouuelle Espagne », comprenant les « Antilles », le « Golphe de Mexico ». 3) Le « Perou », qui s’étend jusqu’au « detroit Magelanique »; « en une partie de ceste terre s’abitua Villegaignon droit sous le Tropique de Capricorne, & la nommee la Frāce Antarctique, à cause qu’el le tire au pole Antarctique, ainsi que la nostre {la Nouvelle France, cf. n° 1)} à l’Arctique. »
Suit une description du pays de Floride, de sa nature et des coutumes de ses habitants.
Un récit du voyage du « Capitaine Iean Ribaut », auquel a participé le narrateur, parti le 18 février 1562 avec deux « Roberges du Roy », et arrivé « deux moys » après en « nouuelle France » à un Cap qu’il appela « Cap François ». Jean Ribault fait ériger dans une rivière « et non loin de l’emboucheure d’icelle vne colomne de pierre de taille sur vn petit costau de terre sablōneuse, en laquelle les armoiries de France estoient empreintes & grauees. » Il rencontre les peuples indigènes et explore la côte et les rivières de Floride. Les explorateurs capturent deux indigènes, avec l’intention de les amener en France, et en compagnie desquels le Capitaine Laudonniere commence à apprendre leur langue; ces derniers réussissent néanmoins à s’évader. Jean Ribault fait bâtir Charlesfort sur une île de la rivière Port-Royal, traversée par une petite rivière appelée Chenonceau, et y laisse 28 hommes sous le commandement du Capitaine Albert. Jean Ribault et son équipage arrive à Dieppe, selon Laudonnière, le 20 juillet 1562. Le narrateur commence alors à raconter ce qu’il arriva aux français de Charlesfort. Ils contractent une alliance avec le roi Audusta, et d’autres souverains indigènes des environs. Audusta les convie à assister aux cérémonies de la fête de Toya, qu’ils ne peuvent observer qu’en partie du fait d’un interdit sur le reste du rituel (un membre de la compagnie parvient cependant à l’observer, et un autre à avoir le maigre témoignage d’un participant). Les français se trouvent en pénurie de vivres, et doivent recourir à la générosité des indigènes. Ils s’approvisionnent auprès du roi Ouadé dont les terres sont « vers la part Méridionale », à « vingt-cinq lieuës » de la colonie. À leur retour à Charlesfort « la grande maison » (où se trouvent leurs vivres et meubles) est consumée par un feu accidentel; incontinent les sujets du roi Audusta et du roi « Maccou » se proposent pour leur reconstruire une maison. À nouveau dépourvus de vivres, quelques hommes sont envoyés auprès de Ouadé qui les approvisionne de bon gré, et leur indique, après leur en avoir offert quelques produits, la localisation d’une mine de métaux précieux exploitée par ses gens. Une mutinerie conduit à l’assassinat du Capitaine, et à l’election de Nicolas Barré à ce poste. Désireux de rentrer en France ils commencent à « bastir vn petit bergantin ». Avec l’aide des indiens ils équipent le vaisseau de cordages, et le brayent avec le suc des pins alentours. Le vent étant favorable ils se mettent à l’eau. Au tiers de leur chemin ils sont surpris par un calme plat, et ne peuvent avancer. Leurs vivres s’épuisent, au point « qu’ils furent cōtraints ne manger que chacun douze grains de mil par iour, qui sont peut-estre en valleur douze poix. Encores tel heur ne leur dura que bien peu: car tout à vn coup les viures defaillirent, & n’eurent pour plus asseuré recours que les souliers & les colets qu’ils mangerent. Quant au boire, les vns vsoient de l’eau de la mer, les autres de leur propre vrine: & demourerent en telle desesperee necessité l’espace d’vn fort long temps: durant lequel vne partie mourut de faim ». Les hommes de l’équipage désignent leur compagnon « Lachere » pour servir de nourriture aux autres; ils le mangent. Ils voient terre, et sont abordés par une « petite roberge Anglesque » où se trouvait un des français qui avaient été du précédent voyage en Nouvelle France. Les anglais débarquent « les plus debiles » d’entre eux, et mènent le reste « deuers la Royne d’Angleterre, qui lors estoit sur le propos d’enuoyer en la nouuelle France ».
→ « Le Second Voyage des François en la Floride, fait par le Capitaine Laudonniere l’an 1564″. Le Capitaine Laudonnière, à l’initiative de « l’Admiral de Chastillon » (Gaspard II de Coligny), prend le commandement de trois vaisseaux afin d’aller chercher et secourir les vingt-huit hommes laissés en 1562 par Jean Ribault à Charlesfort. Il quitte le Havre de Grâce le 22 avril 1564. Après une escale à la Teneriffé (Canaries), ils accostent « à la Dominique » (Hispaniola). Un homme est abattu par les indigènes, après avoir visité leurs jardins nonobstant qu’ils l’aient interdit. Ils arrivent vers trois, quatre heures du matin du jeudi 22 juin à la Nouvelle France, sur l’embouchure d’une petite rivière qu’ils nomment « Dauphins ». Ils se rendent à la rivière May, où ils sont reçus par le Paraousti (chef) du pays qui reconnaît parmi eux certains membres de l’équipage de Ribault en 1562. Ils trouvent la stèle érigée par Ribault, décorée et honorée par les indigènes. Après avoir visité d’autres rivières et d’autres cités, ils retournent à la rivière de May, où ils arrivent le 29 juin, en vue de s’y établir. Ils visitent le territoire. Ils construisent une forteresse que Laudonnière nomme « la Caroline », en l’honneur du Roi Charles. Le sieur d’Ottigny reçoit la mission de remonter la rivière avec une petite compagnie, à la rencontre des indigènes Thimogona, ennemis de leurs premiers alliés. Ils laissent un homme auprès des Thimogona sur la promesse de ces derniers de le conduire au Roi Mayrra riche en or et argent, puis rentrent à la Caroline. Quinze jours après Laudonnière dépêche le Capitaine Vasseur et son sergent pour aller s’enquérir auprès des Thimogona du soldat qui leur fut confié. Ils le retrouvent auprès du Roi Molona, chargé de cinq à six livres d’argent; à cette occasion ceux-ci entendent parler du « grand Roy » Olate Ouae Outina qui commande sur quarante autres Rois, ses vassaux, lesquels se couvriraient tous le corps de platines d’or et d’argent. Sur le chemin du retour ils sont obligés de se retirer chez un Paracousi nommé Molona, ennemi des Thimogona. Afin de lui être agréable les français prétendent avoir été au pays Thimogona pour les détruire. Ils assistent en la demeure du Paracousi à une cérémonie « par laquelle ils remettoient en memoire la mort & persecution de leurs ancestres Paracousis, faite par leur ennemy Thimogoa ». Le 28 juillet les navires partent pour la France. Laudonnière refuse de se joindre à son allié le Paracousi Satouriona qui s’apprête à mener une attaque contre les Thimogona. Les français assistent à une cérémonie qui précède le départ à la guerre, puis le narrateur décrit les réjouissances qui succèdent à la victoire de Satouriona. Laudonnière exige de Satouriona qu’il lui donne deux prisonniers Thimogona, lequel refusant il les lui prend de force. Le 29 août la foudre s’abat du ciel, brûle les prairies alentours et les oiseaux. Pendant trois jours l’incendie continue, si bien que le Paracousi Allicamany, croyant que le feu avait été lancé par les français, prie Laudonnière d’affermir son alliance avec lui. Les deux jours suivants la chaleur devient si excessive que les poissons meurent en grande quantité dans la rivière. Il s’ensuit une telle putréfaction que la plupart des français tombent malade. Environ le 10 septembre, le Seigneur d’Arlac, le Capitaine Vasseur, un sergent et dix soldats, ramenèrent les prisonniers Thimogona à leur Paracousi, Outina. Arlac et ses hommes participent à une escarmouche aux côtés des gens d’Outina contre un autre peuple, leur ennemi. Un nommé « la Roquette, du pays de Perigort, lequel leur donnant à entendre qu’il estoit grand magicien » parvient à suborner les soldats de la compagnie de Laudonnière, qui s’allient avec lui sur l’espérance de tirer profit d’une mine d’or que la Roquette affirme avoir découvert. Laudonnière tombe malade; son premier conseiller, dénommé Genre, complote pour essayer de l’achever et faire élire un autre capitaine. Découvrant un ouvrage de Genre rempli d’accusations contre lui, et sur le point d’être envoyé en France, Laudonnière les fait lire devant la compagnie pour qu’ils soient témoins de ces calomnies; genre s’enfuit et vit un temps avec les indigènes. Le 7 ou 8 novembre La Roche Ferriere et un autre homme sont envoyés explorer le pays, s’absentant cinq ou six mois. Environ le 10 novembre, le Capitaine Bourdet décide de rentrer en France, et emmène sur les instances de Laudonnière sept ou huit soldats desquels ce dernier se méfiait. Trois jours après son départ une dizaine de matelots dérobent une barque de la compagnie en vue de rejoindre les Antilles, tandis que deux charpentiers flamands en prennent une autre, désamarrant la troisième (et dernière) qui est enlevée avec la marée. La majorité des hommes de la compagnie se révoltent contre Laudonnière, le font prisonnier et l’obligent à signer leur congé, s’emparent des barques que ce dernier venait d’avoir fait construire, et quittent la Caroline le 8 décembre en direction des Antilles. Laudonnière fait reconstruire une barque, et avance dans les fortifications de la Caroline. Des indigènes du Sud lui amènent deux espagnols échoués quinze ans auparavant sur les rivages d’un pays gouverné par le roi Calos, et depuis accoutumés à vivre à la façon des indigènes. Ces deux naufragés lui décrivent la richesse du peuple gouverné par Calos, grâce à l’or qu’il trouve dans les navires espagnols qui régulièrement s’échouent sur leur côte. Les hommes de Laudonnière explorent le pays. Le Paracousi Outina demande l’aide des français pour guerroyer contre son ennemi Potauou; trente arquebusiers vont sous le commandement du lieutenant Ottigny. Grâce aux français les forces d’Outina sont vainqueurs, Ottigny laisse douze de ses hommes auprès de lui et rentre avec le reste à la Caroline. L’un des navires de mutins, après avoir piraté dans les Antilles et près de la Jamaïque, vers le 25 mars revient à la Caroline, où Laudonnière les reçoit en faisant passer par les armes quatre de leurs chefs. « Le moys de May venant, sans qu’il arriuast secours aucun de France, nous tombasmes en extreme necessité de viures, iusques à courir aux racines de la terre, & à quelque oseille que nous trouuions parmy les champs. » Cette famine dure de début mai à la mi-juin, si bien que la compagnie décide de rentrer en France. Laudonnière mande construire un navire sur le fond de la « galiotte » qu’ils avaient. Les indigènes profitant de leur affaiblissement ne leur vendent plus des vivres qu’à prix élevé, si bien que les français sont dépouillés de toutes leurs marchandises échangeables. Aiguillonnés par la faim et les moqueries des indigènes la compagnie exige de pouvoir faire prisonnier un Roi des environs afin de recevoir des provisions en échange. Laudonnière capture Outina, mais ne reçoit que peu de nourriture; son peuple considérant leur roi déjà mort en élit un autre, tandis que les rois voisins tentent de racheter Outina à Laudonnière pour le tuer eux-mêmes. Durant tout le mois de Mai les français souffrent d’une famine de plus en plus aigüe. Laudonnière se rend en amont de la rivière où il parvient à récolter un peu de mil. Ottigny à la tête d’une compagnie essaye encore une fois de recevoir des vivres du peuple d’Outina; une escarmouche a lieu. La mort de deux charpentiers oblige d’abandonner la construction du navire. Le 3 août, quatre voiles sont aperçues en mer. Ce sont des anglais, sous le commandement du Général Havvkins, à la recherche d’eau, guidés là par un Dieppois, Martin Atinas, membre de l’équipée de 1562 avec Ribault. Le Général leur propose d’emmener une partie de la compagnie en France et de leur vendre un bateau pour acheminer le rester. Laudonnière accepte; le Général leur donne en sus vivres et équipements. Le 15 août ils sont prêts à partir.
– « Le Troisieme Voyage, Fait par le Capitaine Iean Ribault, en la Floride ». Laudonnière continue le récit du précédent chapitre. Le 28 août 1565 les deux navires sont prêts à partir, lorsque les français aperçoivent des voiles à l’horizon. Jean Ribault arrive à la Caroline, avec ordre de relever le Capitaine Laudonnière et de le renvoyer en France. Ce dernier apprend que les soldats ayant déserté la forteresse quelques mois plus tôt sont arrivés à la Cour où ils se répandent en accusations contre lui. Les indigènes accourent reconnaître et accueillir Ribault; Laudonnière tombe malade tandis que les navires sont déchargés. Le 4 septembre Jean Ribault avait fait entrer trois de ses petits navires dans la rivière. Immédiatement après six navires espagnols apparaissent dans la rade, et font fuir les quelques navires français qui y sont. Trois de ces navires entrent dans la rivière des Dauphins et débarquent leurs soldats et leurs vivres; ces espagnols prennent les maisons de Celoí, dans les plus grandes desquelles ils mettent leurs esclaves noirs. Le 8 septembre, contre l’avis de Laudonnière et de ses lieutenants, Jean Ribault s’embarque pour aller surprendre les espagnols, laissant le fort avec Laudonnière alité et quelques uns de ses hommes. Le 10 septembre Le Capitaine la Grange rejoint les navires de Ribault qui l’attendent dans la rade, et tous s’en vont; depuis lors le narrateur affirme ne les avoir revus. Le même jour une tempête exceptionnellement violente éclate. Deux ou trois jours après Laudonnière ordonne à ceux qui restent avec lui d’ériger des remparts. La compagnie de Laudonnière s’élève à une centaine d’individus qu’il prétend, mis à part seize ou dix-sept de ses hommes, pour la plupart incapables de combattre. Le 20 septembre les espagnols attaquent et prennent facilement la Caroline en entrant par les brèches. Laudonnière se sauve, et rencontre quelques uns de ses hommes dans les bois. Avec trois d’entre eux il tente de rejoindre les navires français qui attendent à l’embouchure de la rivière. Le Capitaine, faible et malade, attend plongé dans les marais avec l’un de ses hommes, tandis que les deux autres essayent de rejoindre les vaisseaux à la nage. Il est repêché le lendemain par un bateau et recueille ainsi vingt autres hommes du fort dans les roseaux. Jean Ribault et sa troupe sont morts et ont fait naufrage contre la côte. Jacques Ribaut et le Capitaine Valuot viennent voir Laudonnière dans le navire où il se trouve, ils concluent de revenir en France. Ils font voile le 25 septembre. Le 28 octobre au point du jour le navire de Laudonnière (séparé de celui de Ribaut) arrive à l’Isle de Flors aux Açores. Environ le 10 ou 11 novembre ils arrivent en la Manche sainct George (Canal Saint-Georges); croyant être dans la Manche, et s’attendant à arriver à Dieppe, ils sont surpris de se trouver au pays de Galles. Ils ancrent dans le havre de la ville de Souaueze; Laudonnière donne charge du navire à un tiers, et décide de rentrer par voie de terre avec ses hommes. Ils passent à Bristol, Londres, viennent à Calais puis à Paris.
– « Le Quatriesme Voyage des François à la Floride, sous le Capitaine Gourgues, en l’an 1567. »